Si
l’adoption est un véritable parcours pour les candidats qui souhaitent s’y
préparer, c’est aussi un avancement par palier pour l’assistant familial qui
doit favoriser des projets de vie.
Les
assistants familiaux sont des professionnels agréés oui mais, chaque placement
donne lieu à un gros investissement affectif qui doit néanmoins s’inscrire dans
un cadre professionnel. Quand le cadre est bien défini, l’assistant familial
peut jouer pleinement son rôle auprès de l’enfant, auprès des parents
biologiques et auprès des adoptants mais il ou elle doit être accompagné(e),
soutenu(e) et éclairé(e).
En
effet, si l’adoption pour les adoptants signifie apparentement, pour
l’assistant familial et plus largement la famille d’accueil, cela signifie
séparation. Nombre d’enjeux sont à prendre en compte à chaque étape car
l’adoption n’est pas un début, c’est un relais que prennent les adoptants des
professionnels qui jouent le rôle de passeurs et qui doivent donc être bien
préparés tout comme les adoptants.
➢ Rappel
: le rôle de l’assistant familial lors du placement de l’enfant
Accueillir
un ou plusieurs enfants en difficultés de façon permanente.
Pourquoi
? C’est une mesure de protection, l’enfant est confié à l’ASE en raison
d’une séparation nécessaire avec les parents biologiques
((abandon-délaissement-maltraitance).
Famille
d’accueil, qu’est-ce que cela signifie ? Concrètement l’assistant
familial va aider l’enfant à grandir, tout en lui permettant de conserver un
lien avec sa famille si cela est possible.
L’objectif
premier est de lui apporter la sécurité, l’affection et les conditions
matérielles nécessaires à son épanouissement. Il travaille en partenariat avec
des équipes pluridisciplinaires de l’ASE.
S’il est un cadre éducatif, familial et relationnel
l’assistant familial est donc aussi un pont avec la famille biologique.
.
➢ Le
rôle de l’assistant familial quand l’enfant devient pupille d’État
Pourquoi
l’enfant devient pupille d’État ? Parfois le pont est trop fragile et
ne permet plus de favoriser l’intégration de l’enfant dans sa famille
biologique.
Concrètement
qu’est-ce qu’un pont trop fragile ? Ce peut être l’abandon définitif
par les parents biologiques ou des parents qui ne rendent plus visite à leur
enfant, le délaissent ou encore des parents qui seront jugés dans l’incapacité
de s’occuper de leur enfant.
Conséquences
: l’enfant perd définitivement le lien mais pas forcément sa filiation avec
sa famille et devient pupille de l’État à titre définitif après avoir été
pupille à titre provisoire.
L’assistant
familial est informé de ce changement de statut car cela a des conséquences
sur les actes de la vie quotidienne. L’enfant confié à l’ASE a désormais le
Conseil de famille pour tuteur et détenteur de l’autorité parentale.
L’assistant familial a donc pour interlocuteurs l’ASE et le Conseil de famille
notamment pour décider des actes usuels et de leur exécution mais aussi des
actes non usuels (projet de vie).
Avec
l’ASE l’accompagnement se poursuit différemment car il s’agit désormais
d’établir un bilan médico psycho sociale de l’enfant. Parfois ce bilan peut
débuter avant le changement de statut.
L’assistant familial est donc un interlocuteur privilégié
car il vit auprès de l’enfant. Il contribue à élaborer son projet de vie. A ce
stade il s’agit de connaître au mieux l’enfant pour déterminer au mieux son
projet de vie.
Mais
au fait qu’est-ce qu’un projet de vie ? Adoption, parrainage,
tiers bénévoles, maintien dans la famille d’accueil sont des projets de vie. Ce
sont des mesures envisagées pour répondre aux besoins de l’enfant.
Comment
est élaboré le projet de vie ? Toute l’équipe pluridisciplinaire
de travailleurs sociaux qui a suivi l’enfant depuis le début a un rôle à
jouer mais il est préférable qu’une
personne nouvelle intervienne pour garder un regard distancié et objectif sur
la situation de l’enfant.
Ainsi
cette personne jouera le rôle de l’étranger et pourra identifier au mieux les
réactions de l’enfant. Ce rôle de ce « passeur » sera très important pour
accompagner l’apparentement.
L’assistant
social fait partie des personnes qui pourront être consultées pour servir au
mieux l’intérêt supérieur de l’enfant.
L’assistant familial est donc une ressource au même titre
que tous les travailleurs sociaux qui gravitent autour de l’enfant : il apporte
un éclairage sur ses besoins, ses ressources et sa capacité à nouer un lien
d’attachement et sur les formes de cet attachement.
➢
Le rôle de l’assistant familial quand
l’enfant devient adoptable, .
Après
avoir évalué ses capacités à créer de nouveaux ponts l’enfant peut devenir
adoptable si le bilan médico psycho social valide le projet d’adoption.
Adoption
plénière ou simple ? Dans le premier cas une filiation s’établit
uniquement avec la famille adoptante, dans le second cas la filiation de la
famille biologique est complété par la filiation de la famille adoptive.
A
nouveau l’assistant familial est informé de ce changement de statut.
Il détient une priorité pour l’adoption de cet enfant en ce sens qu’il est le
premier à qui on propose de l’adopter.
Cependant
cela ne le rend pas prioritaire par rapport aux candidats à l’adoption
titulaires d’un agrément. Il doit porter candidature et le Conseil de famille
doit rendre une décision puisqu’il gère les actes de la vie de l’enfant confié
à l’ASE. Il est donc important que l’assistant familial se positionne
clairement sur ses intentions vis à vis de l’enfant adoptable.
En
2022 presque 30% des assistants familiaux ont adopté l’enfant dont ils avaient
la garde.
Que
se passe-t-il quand l’assistant ne s’est pas positionné comme candidat à
l’adoption ?
Il
doit collaborer avec les services de l’ASE pour préparer l’apparentement et la
séparation. Préparer l’enfant est alors la priorité pour amorcer le pont vers
ses nouveaux parents et toute la famille d’accueil doit y être préparée.
Pourquoi
cette préparation ? Situations peut être fort avec la famille d’accueil
et de nombreuses situations sont à accompagner pour éviter de perturber le
projet d’adoption. Par ailleurs un assistant familial a souvent plusieurs
enfants placés sous son toit ainsi que ses propres enfants.
Parmi
les enfants placés certains ne seront jamais adoptables et peuvent mal vivre
une préparation à l’adoption. De même si l’assistant familial décide d’adopter
un enfant il n’est pas rare d’observer que cela n’est pas sans conséquences sur
les enfants de la famille d’accueil : un enfant adopté va vivre définitivement
sous le même toit, il fera partie de la dévolution successorale, il prendra une
place dans la famille.
L’assistant
familial devra donc être secondé, appuyé pour gérer toutes ces situations, tous
ces enjeux : toutes les personnes concernées par un projet d’adoption
doivent être entendues, rien ne doit être négligé. Du bon déroulement de cette
phase dépend la qualité de l’apparentement et l’absence de préparation peut
être entravant pour la procédure puisque l’apparentement dépend aussi bien de
la convergence vers un projet de vie que de l’absence de rétention de la
famille d’accueil qui doit laisser aller l’enfant, l’accompagner vers ce
nouveau projet.
Dès
lors que le Conseil de famille a fixé la date du début du placement lorsque
l’enfant est confié en vue de son adoption, le travail de l’assistant familial
sera de favoriser l’intégration dans la famille adoptante.
Cet
accompagnement vers l’intégration et vers la séparation ne signifie pas pour
autant que l’assistant familial n’aura pas une place dans la vie de l’enfant
une fois qu’il aura quitté sa famille d’accueil. Ce sera le choix des parents
adoptifs de maintenir ce lien ou de le stopper.
Cédric et Michèle