vendredi 14 mars 2025

Conférence du samedi 30 novembre 2024 organisée par EFA 37 : « Comment répondre aux questions de nos enfants ? »

 

Animée par Janny Farell membre du conseil d’administration EFA

Nous remercions le bureau d’EFA41 pour le partage de cette manifestation, organisée par EFA37. L’après-midi débute par un accueil puis par un petit discours de la co-présidente d’EFA 37 afin de nous présenter l’association ainsi que le thème du jour.

Qu’est ce que l’EFA ?
Il s’agit d’une association nationale mais aussi départementale puisque nous comptons aujourd’hui 92 associations. Elles rassemblent les parents adoptants, les postulants ainsi que dans une moindre mesure les enfants adoptés.
Enfin, la co-présidente nous partage la ressource de la revue Accueil n°199 ou le thème du jour y est à l’honneur.

Mme Farell prend ensuite la parole afin de débuter la conférence. Elle vient des Ardennes, et membre du CA de la fédération d’EFA et a adopté une petite pupille de l’État il y a 25 ans maintenant. Elle organise également des formations.

Comment répondre aux questions de nos enfants ?

Nous, parents adoptants, serons confrontés aux questions de nos enfants, comme tous les autres parents, mais avec un petit plus. Tous les enfants sont très avides de questions.
L’adoption est un mode de filiation juridique et affectif, il passe par un autre chemin qui n’est pas biologique.
Nous serons également parfois confrontés aux questions des autres, qui relève parfois de la simple curiosité. L’adoption interroge les gens et les questionnent. Il est important d’en parler en amont avec la famille élargie afin d’apaiser les éventuelles inquiétudes et de parler de la différence. Si l’enfant est grand, il aura un passé, une histoire.

Comment trouver les mots adaptés ? Jusqu’où aller dans nos réponses ? Comment pallier nos peurs ?
Parfois, les enfants mettent le doigt sur des choses qui nous touchent beaucoup. Il n’y a pas de vérité en matière d’adoption, c’est à nous de tricoter l’histoire familiale avec les éléments que l’on a.

Se préparer aux futures questions de son enfant : optimiser l’attente post-agrément

Il est essentiel de mettre ce temps à profit pour se former, se préparer aux spécificités de la parentalité adoptive.
Afin de discuter librement avec son enfant, sans tabou et avec liberté d’esprit il est important d’anticiper ces questions en amont de son arrivée.
Comme dans une parentalité biologique, l’attachement ne se fera peut-être pas de suite.
Celui-ci est en lien direct avec la hiérarchie des besoins, Mme Farell revient sur la pyramide de Maslow.


Tout en bas de la pyramide, ce sont les besoins physiologiques (manger, boire, dormir et respirer). C’est la première figure d’attachement qui va répondre à ces besoins. Plus la base de la pyramide est solide, plus l’enfant aura la capacité à arriver jusqu’à la pointe de la pyramide. Connaitre ces besoins et cette pyramide est essentiel pour accueillir au mieux l’enfant que l’on va recevoir et répondre à ses besoins.
Le second échelon de la pyramide correspond au besoin de sécurité, pour que l’attachement naisse, l’enfant aura besoin de se sentir en sécurité.
Ainsi, il pourra accéder à l’échelon suivant (le besoin d’appartenance, à un groupe social) et à l’estime de lui, cruciale pour une vie épanouie.
Le dernier échelon lui permettra de gagner en autonomie et de prendre son envol pour réussir sa vie, ce que nous souhaitons pour nos enfants.
La motivation des enfants à l’école est en lien directe avec là où il se situe sur la pyramide.

L’empathie :
Il est important d’adopter une posture d’écoute active de son enfant. Savoir se mettre à la place de quelqu’un d’autre et percevoir ce que ressent son enfant est important. Cette écoute active renforce la relation parent-enfant. L’enfant sent alors que l’on s’intéresse à lui, ça l’aide à trouver des solutions.
Pour les plus petits, la communication sera non verbale mais essentielle malgré tout.
Exemple : Si l’on sourit à l’enfant, il nous sourit en retour. Les émotions sont perçues et il n’y a pas besoin de poser des mots pour cela.

Que montrons-nous de nous-même en répondant à des questions ?
Nous répondons avec des mots mais pas seulement. La posture et les émotions transmises sont tout aussi importantes.
Il est important de réfléchir aux points suivants en amont, en effet en répondant à des questions on apprend à :

  • Gérer nos émotions et à écouter l’autre
  • Reconnaitre nos émotions
  • Parler d’adoption : auprès de l’entourage, mais aussi à imaginer des situations.
    C’est à partir de ces situations que les discussions démarrent.

Et s’il fait des colères ? (par exemple au supermarché). Nous pouvons anticiper ces situations afin de savoir au mieux réagir au moment venu.

Et la place des parents de naissance ? Il est essentiel de leur faire une place. Il faut choisir un nom à cette famille biologique, on peut accompagner les enfants mais ils trouvent parfois eux même le nom qu’ils veulent leur donner. L’important est de trouver avec lui les mots adaptés. Les psychologues nous accompagnent pour cela. On ne va pas employer les mêmes mots selon l’âge de l’enfant.
Adoption -> abandon -> blessure
Chacun soigne ses blessures à sa manière.

La conférencière différencie 3 stades de l’enfance :

1/ De bébé jusqu’à environ la grande section de maternelle (5 ans)

L’enfant ne perçoit pas toujours les mots mais il est important tout de même de leur expliquer les choses, ainsi que de les regarder dans les yeux. Être à leur écoute est important. Les premières questions qui vont apparaitre sont souvent : d’où viennent les bébés ?
S’ils ne viennent pas du ventre de leur mère adoptive, ils veulent souvent savoir « comment ils ont été fabriqués ».
Parler d’adoption avec lui c’est parler de sa venue au monde. Parfois leur mère de naissance leur a déjà expliqué les choses, alors même qu’il venait de naître. Parler le plus tôt possible avec l’enfant d’adoption va l’aider à monter dans la pyramide de Maslow et à accéder à la confiance en lui.
Même s’il faut dire les choses, il faut redoubler de vigilance quant à la sensibilité de l’enfant.
Être à l’écoute et observer son enfant est important, Mme Farell mentionne l’asthme ainsi que l’eczéma comme pouvant être des manifestations d’anxiété.
Dans les questions des enfants adoptés, il y a souvent des sous-entendus, et c’est à ça qu’il faut penser. L’enfant a souvent besoin d’être rassuré.
Une question peut également en cacher une autre : êtes-vous mes vrais parents ?
Nous pouvons alors retourner la question à l’enfant en lui demandant s’il existe des faux parents. Être parent signifie s’occuper de lui pour toujours, transmettre et aider à grandir.
S’informer en amont c’est avoir les ressources et l’assurance pour répondre à ces questions. S’affirmer en tant que parent c’est faire preuve de légitimité.

2/ Fin d’âge scolaire primaire (environ 10 ans)

Dans cette classe d’âge, ils commencent à comprendre les relations de cause à effet. Ils perçoivent les émotions négatives. La même peur remonte souvent : celle de l’abandon.
Pourquoi ai-je été adopté ?
L’enfant attend souvent une réponse simple comme : Tes parents de naissance ne pouvaient pas s’occuper de toi et t’ont confié à l’adoption. C’est important d’anticiper la réponse car ils veulent souvent avoir une réponse instantanée.
On peut également aborder le sujet et répondre aux questions à l’aide d’albums de jeunesse.
On attend souvent une multitude de questions après la première or il n’y a souvent rien, la question est spontanée et l’enfant se satisfait de la réponse concise qu’on lui apporte.

3/ L’adolescence (collège/lycée)

Dans cette dernière tranche d’âge, l’enfant a une perception de lui-même plus claire. Il faut être vigilant aux réponses aux questions qui peuvent toucher à l’estime de soi. Selon Mme Farell, il est important de discuter avec les enseignants de l’adoption afin de gérer au mieux et en co-éducation, des situations parfois complexes au sein de l’établissement scolaire.
Les enfants vont parfois poser des questions sur leur histoire, leur naissance. La lecture du dossier peut se faire avec un personnel de l’ASE, l’enfant sera bien accompagné. Le rôle du parent adoptant est de soutenir au mieux son enfant dans cette étape de vie. Ils ne sont pas présents avec l’enfant lors de la consultation du dossier car il s’agit de son histoire.
En amont de la consultation du dossier, on peut donner les réponses que l’on a, avec ce que l’on sait. Il est important de savoir où demander de l’information.
A cette période de la vie, l’enfant peut également avoir peur que son ou sa petit(e) ami(e) soit de sa famille biologique, puisqu’il a été adopté.

Des questions fréquentes :

L’objectif des questions sur leurs origines son parfois leur moyen de vérifier que leurs parents adoptifs sont bien solides, ces questions ne sont pas contre nous.

Autre question qui revient régulièrement (peu importe l’âge de l’enfant) : Elle est où ma mère de naissance ?
L’enfant peut alors s’inquiéter pour son avenir, il faut toujours se demander ce qu’il y a derrière une telle question. La peur de l’abandon refait parfois surface et il est important de rassurer l’enfant sur le pourquoi a-t-il été adopté.

Suis-je français ?
Ces questions viennent souvent des autres et notamment des camarades à l’école. Nous pouvons affirmer à notre enfant que oui, légalement, il est français. Ce n’est pas la couleur de peau qui détermine la nationalité.
Il est important d’aider nos enfants à s’armer et à savoir répondre à ce type de questions. L’enfant attend d’être rassuré mais aussi à ce que l’on dédramatise (cela n’empêche pas de lui répondre avec conviction !), un peu d’humour aide parfois à relativiser une situation !

Pourquoi je n’ai pas été dans ton ventre ?
Tu n’as pas été dans mon ventre mais je t’aime et tu es mon enfant.

La conférencière renvoi au témoignage du numéro 199 de la revue Accueil pour nous aider à répondre à cette question :

« Accueil n°199 : Répondre aux questions de nos enfants.
Dans ce numéro, une mère adoptive qui est journaliste témoigne. Anne indique que si l’on n’est pas prêt à répondre ou pas disponible, il est possible de faire patienter l’enfant. Il faut alors lui indiquer que sa question est très importante mais que ce n’est pas encore le moment d’y répondre, que l’on y répondra sans faute quand le moment sera venu.
Il est également important de s’interroger sur ce qui nous gêne dans la réponse. Cette période peut être l’occasion de faire la paix avec son corps et de se le réapproprier. Le parcours pré-adoption n’est pas toujours simple et chacun va puiser dans son histoire personnelle.

Il est également important de tenir compte du contexte.
Le moment du coucher est parfois compliqué, les routines rassurent beaucoup les enfants. Tous les contextes de la vie peuvent réactiver cette peur de l’abandon.
Pour les enfants adoptés : séparation = abandon.
La cicatrice de l’abandon peut se rouvrir à n’importe quel moment.
Cependant, si le sujet n’est pas tabou, que l’histoire est claire, notre enfant sera beaucoup mieux armé pour faire face à tout cela. Il est essentiel qu’il soit bien entouré.
Même si nous ne sommes pas disponibles, il est important d’accueillir la question de l’enfant.

Que vais-je devenir quand tu seras mort ?

Il a besoin d’être rassuré, il ne faut pas hésiter à inclure la famille élargie lors de ce type de questions et de dire qu’il y aura toujours quelqu’un pour prendre soin de lui.

Quand l’adoption dérange ! (sorties, repas de famille, magasins…)

Être prêt à dédramatiser la situation sur le moment est essentiel. Les enfants savent vite passer à autre chose. Attention à ne pas laisser trop les gens entrer dans notre jardin secret, on n’est pas obligé de raconter notre histoire à des inconnus. Chacun a le droit à son jardin secret, ce sont des sujets intimes qui ne regardent personne.
Il faut l’aider à répondre à des questions indiscrètes, le préparer à celles-ci.

Est-ce bien de penser à ma famille de naissance ?

Rassurer l’enfant, bien sûr qu’il a le droit de penser à sa famille de naissance, et même d’en parler. Il faut essayer de trouver des mots rassurants et ne pas vouloir gommer cette place que peuvent avoir les parents de naissance. Ils font partie de leur histoire. Mais attention, cette place ne doit pas non plus prendre trop de place.

Pourquoi je ne peux pas connaitre mon histoire ? (en cas de dossier pauvre ou vide)

S’il n’y a rien, on ne peut pas inventer, il faut alors expliquer à l’enfant ce qu’est la naissance sous le secret et parler du dispositif.

Pourquoi je n’ai pas de photos de moi bébé ?

Il est important de garder le plus de choses possibles (album photos de la famille d’accueil …) cela va aider l’enfant dans la construction de sa vie.

Tout autant que les réponses à ses questions, il est essentiel de comprendre ce que l’enfant est venu vérifier avec sa question et pourquoi à ce moment-là. Que voulait-il vraiment savoir ? Souvent, c’est simplement vérifier que l’on est là et solide. Ce n’est pas seulement la réponse à la question qui est importante, mais la manière dont on y répond.
Ce qui compte : accompagner l’enfant dans ses questionnements mais ne surtout pas devancer les questions.

Et les questions que nous nous posons en tant que parent adoptant :
Jusqu’où aller dans nos réponses ?

Les réponses doivent être simples et si on ne sait rien on ne dit rien. Cependant, nous pouvons dire et redire ces mots simples pour rassurer l’enfant. Ils peuvent penser qu’ils ont été abandonnés car ils sont méchants ou pas beau.

Toute vérité est-elle bonne à dire ? Devons-nous dire à notre enfant tout ce que nous savons à propos de son histoire ?

Non, il est essentiel de faire preuve de bon sens. Il faut parfois le protéger et adapter nos réponses à son âge comme vu précédemment. Cependant, il faut rassurer l’enfant sur son adoption et lui dire qu’elle entre dans un cadre légal. Lui transmettre les documents est important (surtout dans le cadre d’une adoption internationale). Le roman familial se construit par rapport à ce que l’enfant sait, ainsi il va peu à peu accepter son histoire.
Il faut toujours garder en tête que ce qui ferait le plus de mal à un enfant serait les silences et les mensonges.
Il ne faut jamais douter de notre légitimité, nous sommes de vrais parents, même si la filiation est différente !

Mme Farell termine par une référence bibliographique : « J’ai été adoptée et alors ? » L’adoption expliquée aux enfants, de Catherine Vies Duffaut.

Nous remercions Mme Farell pour cette conférence, le bureau d’EFA41 pour le partage ainsi que le bureau d’EFA 37 pour l’organisation de cet évènement et ces partages qui nourrissent notre cheminement vers la parentalité adoptive.


Natacha et Kévin

L’arrivée de l’enfant au sein de la famille

 

  • Nous avons assisté à une visio-conférence autour du thème de l’arrivée de l’enfant au sein de la
    famille. Ce temps d’informations était accompagné de témoignages de personnes ayant adopté.
    Nous vous en livrons les principales réactions côté parents, côté enfant. Au préalable, nous
    parlerons de la préparation des parents et de l’enfant à cette rencontre qui est primordiale. Nous
    évoquerons aussi les enjeux et les modalités de cette préparation.
  • Les phases de l’apparentement sont en effet connues :
    choc/lune de miel/apprivoisement/adaptation/attachement/équilibre/sevrage.
    Le choc et /ou la lune de miel caractérisent donc la rencontre et à la mise en relation.

  • Tout commence donc par un appel téléphonique ou…un courrier, par une annonce faite aux
    postulants choisis par le Conseil de famille pour débuter un apparentement. La longue attente et
    l’annonce de la rencontre imminente peuvent provoquer des réactions variées. Incrédulité,
    surexcitation, chacun le vit différemment. Très souvent l’appel ne donne pas lieu à un rendez-vous physique immédiat, il faut que ça retombe mais les premiers échanges d’informations peuvent avoir lieu à distance. Il s’agit pour les candidats choisis d’avoir tous les renseignements connus du dossier de l’enfant pour répondre « oui » ou « non » : oui je signe l’engagement pour m’apparenter, non je ne signe pas pour cet apparentement. Très souvent c’est oui et c’est formalisé par la signature d’un document dans les 48h.
  • Les modalités de la mise en relation sont connues dès le départ en fonction de l’âge de l’enfant et il s’agit alors de se préparer : se préparer à la rencontre, se préparer matériellement. Très souvent la rencontre est organisée quelques jours après l’annonce justement pour s’équiper, et éviter ainsi que cela n’interfère dans la rencontre. Et puis il s’agit de se préparer, d’aller au-delà de cette photo qui nous a été communiquée. L’équipe professionnelle prépare à des réactions négatives : il ou elle va sans doute pleurer, ne va pas vouloir de vous, c’est normal. Et puis très tôt sera évoqué le prénom. En fonction de l’âge le changer peut avoir des conséquences.
  • Il faut aussi préparer l’enfant qui en fonction de son âge peut avoir des attentes ou pas. Il pourra
    s’agir de donner quelques photos de nous pour que l’assistante maternelle les montre à l’enfant, lui montre sa nouvelle maison, son nouveau chien et la nouvelle voiture. Un doudou peut être préparé pour être donné à l’enfant ou un jouet .
  • Arrive le moment de la rencontre pour certains dans le département d’origine, pour d’autres dans un autre département (il faudra aller à l’hôtel). Les témoignages pleuvent, le négatif n’est qu’un
    lointain souvenir car ce qui se passe à ce stade de la mise en relation ne détermine en rien la suite du processus d’adoption :
    -nous lui avons porté un doudou, il n’en a pas voulu , il l’a jeté par terre. Plus tard pendant le placement il en a choisi un tout seul
    -nous n’avons même pas pu entrer dans la pièce, il ou elle hurlait.
    -on nous avait dit que ça se passait mal avec les hommes, mon mari l’a porté dans ses bras dès le
    premier jour
    -l’assistante maternelle le tenait dans les bras, il elle pleurait sans cesse
    -ça s’est passé super bien dès le début !
  • Quelles que soient les réactions les premiers jours se passent et sont consacrés à l’apprentissage des soins élémentaires chez l’assistante maternelle ou à l’hôpital. Puis c’est le départ pour le domicile. Avant cela il faut à nouveau signer des papiers pour le placement. L’enfant arrive au domicile, découvre son nouvel environnement et là, l’expression « faire cocon » prend tout son sens. Là encore des témoignages se succèdent
    -une visite mensuelle de l’assistante sociale
    -des comportements variés : l’enfant dort, ne dort pas
    -l’enfant refuse de manger ou au contraire gloutonne pour absorber ce changement
    -il se jette en arrière à la visite de l’assistante maternelle : un début d’explication , il l’assimile au
    changement et a peur qu’on le reprenne
  • L’attachement est encore loin, il faut d’abord s’apprivoiser, s’adapter, une nouvelle vie commence
    avec beaucoup de papiers à remplir (cpam-sécu-impôts) et des renoncements à une vie avant
    l’apparentement. Des sentiments sont livrés : renoncer à sa liberté, renoncer à ses habitudes.
    Pour l’enfant comme pour les parents c’est un équilibre à trouver. De petits évènements peuvent
    contrarier cet équilibre. La constance dans les soins primaires est mise en avant par les témoignages et l’adaptation pour atteindre ou préserver cet équilibre.
  • Cédric et Michèle

Conférence proposée par EFA 45 avec Ludivine Casilli sur le thème « accompagner la scolarité » le samedi 05 octobre 2024

 Nous avons eu la chance d’assister samedi dernier à une conférence en présence de Ludivine Casilli au château de Charbonnière à Saint Jean de Braye.

Le thème de l’accompagnement de notre enfant durant sa scolarité est présent pour tout parent mais également pour nous, futurs parents adoptants.

La conférencière est psychanalyste et a également ouvert une école de danse. Elle a rencontré de nombreuses difficultés dans ses apprentissages durant son enfance et pensait au départ que cela était en lien avec les traumatismes qu’elle avait pu vivre.

Cependant, elle remarque que de nombreuses autres personnes rencontrent également des difficultés lors de leurs apprentissages. Est-ce que toutes ces personnes ont vécu des traumatismes ? Ou bien est-ce possible que cela vienne de notre système scolaire et de nos modes de vie ?

Elle a ensuite effectué une nouvelle formation de psychopédagogue, surtout centrée sur les neuroatypies et l’hypersensibilité.
Nous commençons la conférence avec un exercice : chacun doit faire un dessin et répondre à la consigne donnée par Ludivine : nous constatons que malgré le fait que nous ayons tous eu la même consigne, tous nos dessins sont différents ! En effet, pour appliquer la consigne, nous mobilisons nos connaissances mais aussi notre imaginaire et nos représentations. Il en va de même pour les enfants à l’école.
Nous sommes également inquiets quand on nous donne une consigne, même simple et même à l’âge adulte. Est-ce que l’on va me juger ? Est-ce que je vais avoir une note ?
Nous n’avons pas tous le même langage, il est compliqué de se faire comprendre car nous avons tous vécus des choses que l’on ne verbalise pas et qui font partie de notre histoire. Tout cela dépend de ce que l’on a appris et de qui l’on est.

Ludivine explique ensuite que la structure et le cadre sont des éléments importants pour l’éducation d’un enfant. Il est essentiel de savoir dire non et de poser des limites. Ce cadre va structurer les journées de l’enfant et le rassurer.
La nouvelle génération de parents a souvent peur de dire non. Le cadre ne prive pas l’enfant de liberté. Il est important de poser un cadre de sommeil, de travail, d’amusement et de temps avec les parents. Le rôle du parent est de répéter encore et encore à quoi sert ce cadre.
Être parent est épuisant, c’est vrai ! C’est pourquoi il est également important que le parent ait du temps pour lui afin de « recharger les batteries ».
Les routines du soir et du matin sont également importantes. Il faut aussi faire confiance au temps, dans nos sociétés modernes, nous voulons tout « tout de suite », mais certaines choses prennent du temps et c’est normal.
Ce temps d’adaptation est important comme le sont le vide et l’ennui pour un enfant. C’est indispensable pour son développement, son imaginaire. Or, aujourd’hui, les agendas des enfants sont très chargés. Ils ont certes besoin d’activités, mais ils se concentrent déjà toute la journée à l’école, ils arrivent parfois épuisés aux activités et se démotivent si elles sont trop nombreuses dans la semaine. Nous devrions accorder environs 20% de vide chaque jour, 20% du temps où l’on fait ce qui nous fait plaisir, sans programmer une activité. Ludivine fait à ce moment le comparatif avec l’ikigai au Japon (une forme de raison d’être, de mission de vie). Ce temps ne doit pas être du vide d’ennui mais du temps pour soi, de la créativité et de l’imagination.
En tant qu’adulte, sommes-nous capables de se créer des temps d’ennui ?

Le cerveau humain a besoin de sommeil, d’ennui et d’activités flow. Ces activités sont faites par plaisir, on sait que l’on sera en réussite et on va y prendre plaisir. Tout cela est également valable pour les enfants.
Lorsque le cerveau ou le corps lâche, il est déjà trop tard, il faut s’arrêter avant et se permettre ces temps de repos. Les enfants doivent apprendre qu’il arrive également aux adultes de s’ennuyer, nous en avons tous besoin.

Nous abordons ensuite la question de la performance et du perfectionnisme. L’exigence de soi à soi est acceptable car nous avons tous des valeurs. En revanche, il ne faut pas faire en attendant le regard de l’autre. Il y aura toujours des personnes en désaccord avec ce que l’on fait ou dit, ce type de perfectionnisme nous épuise.
Les enfants d’aujourd’hui sont très perfectionnistes, et toujours vouloir être « mieux » renvoi à une image négative de soi-même. Les parents transposent souvent sur leur enfant ce qu’ils ont eu envie de faire lorsqu’ils étaient jeunes (exemple de la guitare) : Est-ce que vraiment cela va servir à l’enfant si ce n’est pas son chemin de vie ?
C’est la même chose avec les examens et les diplômes.
Il est important de ne pas faire quelque chose pour le regard d’autrui. Il est intéressant d’interroger l’enfant avec des questions ouvertes : Que recherches tu lorsque tu fais ça ? Qu’est-ce que tu y trouves ? Qu’est-ce que cela t’apporte ?
L’enfant doit pouvoir dire non, c’est important mais cela peut être long à apprendre.

Nous commençons à parler de la gestion des émotions à l’école, c’est très bien. En revanche, les adultes ne montrent pas leurs émotions à leurs enfants alors qu’on leur demande à eux de les gérer. Or, l’enfant fonctionne en miroir. Il n’est pas honteux de montrer à son enfant que l’on est triste. Notre rôle est d’exprimer nos émotions aux enfants et de leur présenter notre vulnérabilité. On peut par exemple dire « Je me sens en colère », plutôt que « je suis en colère ». L’émotion ne dure pas. Nous voulons toujours gérer la colère et la tristesse car nous voudrions toujours aller bien. Nous pouvons choisir de l’accueillir, de présenter nos émotions et ainsi, les enfants accepterons les leurs.
Le parent est la figure d’attachement de l’enfant, c’est pour cela qu’il va décharger sa colère à la maison.

Comment aider l’enfant à faire redescendre cette colère ?
Nous ne pouvons pas non plus protéger l’enfant de tout, tout le temps. Il faut accepter de ne pas avoir toujours de solutions à tout et il faut savoir leur dire.
Montrer ses émotions, c’est aussi montrer à l’enfant que nous avons confiance en lui, que nous lâchons prise. C’est aussi parfois préparer l’enfant au fait que la vie n’est pas toujours juste, tout n’a pas toujours de sens et nous n’avons pas de prise sur certaines choses.
Il n’y a pas de boite à outil magique qui fonctionne pour tout, les enfants vont toujours revenir tester les règles et c’est normal.

Merci à l’EFA 45 pour leur invitation à cette conférence très intéressante et conviviale.
Natacha et Kevin